Avant Fernando Alonso, l’Espagne avait du mal à exister dans le monde du sport automobile. Mais depuis plusieurs années, notre voisin ibérique s’impose comme une place forte en la matière. Comment en est-elle arrivée à cette position ?
Un pilote qui influence son pays…
Comme mentionné ci-dessus, l’importance de la F1 et du sport automobile en Espagne était assez mince avant l’arrivée de Fernando Alonso. Oui, le pays a rapidement intégré le calendrier de la F1 (dès 1951), mais l’instabilité politique du pays et des circuits visités n’a pas joué en la faveur de l’Espagne. De plus, le pays ne compte pas de grands constructeurs (du moins, aucun ne s’est engagé en F1) et n’a vu que 13 pilotes prendre un départ dans la discipline…
Le meilleur exemple de «l’Alonsomania» est l’arrivée du Grand Prix d’Europe à Valence à partir de 2007, soit deux ans après le premier titre du natif d’Oviedo. Le pays avait déjà pu compter sur deux courses dans les années 1990 (avec le GP d’Europe disputé à Jerez), mais les succès de l’Asturien ne sont pas étrangers à cet engouement. Au début des années 2000, la F1 n’était même pas diffusée à la télévision !
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Les chiffres de l’influence d’Alonso en Espagne sont sidérants. Le Grand Prix d’Arabie saoudite 2023, qui a vu le pilote Aston Martin décrocher son 100e podium en F1, a battu le record d’audience en Espagne pour une chaîne payante (1,145 million de téléspectateurs), soit presque le double de la finale de la saison 2021 à Abou Dhabi, qui est pourtant le record en France !
… devenu une icone pour les jeunes
Forcément, quand un pilote place presque à lui tout seul son pays sur la carte des sports mécaniques, les enfants l’érigent en idole. Ce fut le cas pour Alonso, et son intemporalité a touché plusieurs générations. Lors de son premier passage chez Renault entre 2003 et 2006, le pilote a rencontré un jeune Carlos Sainz, fils de la légende du rallye portant le même nom. Dès lors, et malgré le palmarès de son père, l’actuel pilote Ferrari savait qu’il préfèrerait l’asphalte des circuits aux graviers des spéciales de WRC.
Ses faits d’armes chez McLaren, Ferrari puis Aston Martin ont également vendu du rêve à d’autres jeunes talents. Pepe Marti, né en 2005, a également eu comme héros le Taureau des Asturies. Le pilote est passé par la FA Academy (voir ci-dessous) et est actuellement engagé en F2.
Et Alonso n’inspire pas que les Espagnols ! Lors de son retour en F1 en 2023, Daniel Ricciardo a avoué avoir été influencé par le numéro 14. Un pouvoir d’attraction et de fascination qui dépasse les frontières, mais qui a bel et bien donné de l’espoir et de quoi rêver aux jeunes de son propre pays !
Une formation solide pour former les talents de demain
Vendre du rêve ne suffit pas : pour propulser des pilotes vers le haut niveau, il faut une base solide pour accompagner les jeunes loups. Alonso, encore lui, l’a bien compris. En 2015, celui qui était sous contrat avec McLaren ouvrait FA Academy, une école pour détecter et accompagner les jeunes pilotes. Cette structure, d’abord dédiée au karting, s’est développée avec notamment une écurie en FRECA reprenant les couleurs du casque du double Champion du monde. Aujourd’hui, le pilote Aston Martin possède également A14 Management, une agence pour accompagner les pilotes.
Bien sûr, Alonso n’est pas à l’origine de toutes les structures mises en place en Espagne. En 2016, le pays lançait son championnat national de F4 soutenu par la FIA. Un championnat qui gagne en renommée, bien qu’il soit encore loin de son hom*ologue italien ou du regretté allemand. Si aucun champion n’a encore atteint la F1, les quatre premiers vainqueurs ont tous atteint la F2 : Richard Verschoor, Christian Lundgaard, Amaury Cordeel et Franco Colapinto.
Autre structure à ne pas oublier : Campos. L’écurie fondée en 1997 est un pilier des championnats de promotion et est présente à tous les échelons. Championne de GP2 en 2008, la structure a permis de faire briller de nombreux pilotes. Si ceux-ci n’étaient pas toujours espagnols, Campos a permis de faire flotter son drapeau dans les paddocks : un exploit en soit dans un pays où les constructeurs automobiles sont rares.
Des investissem*nts pour rester au calendrier
Les pilotes font le travail, les structures également : il ne reste que les événements pour fertiliser le sport automobile en terres ibériques. Et l’Espagne répond à nouveau présent !
Longtemps en danger, le circuit de Barcelone avait décroché sa prolongation de contrat en 2021. Le cirque de la F1 s’y rendra encore l’an prochain, sur un circuit qui avait investi pour répondre aux exigences des fans. L’an passé, la très décriée chicane du dernier secteur, en partie responsable du manque de spectacle à Montmeló, fut supprimée pour retrouver l’enchaînement ultra rapide utilisé jusqu’au début des années 2000.
Mais l’Espagne va plus loin. Dès 2026, la F1 se rendra dans les rues de Madrid, proche du complexe d’entraînement du Real Madrid, sur un nouveau circuit urbain spécialement conçu pour la discipline. L’annonce de cette destination fait suite à l’exposition F1 organisée dans la ville en 2023, a été une franche réussite. Les organisateurs de l’événement investissent pour surfer sur la vague de popularité de la discipline, à une époque où la France a perdu son Grand Prix et semble toujours plus éloignée d’un retour au calendrier.
Nuançons quelques peu ce tableau. La relève post-Fernando Alonso / Carlos Sainz ne semble pas encore être prête, et la FA Racing Team s’est désengagée de plusieurs compétitions. Aussi, l’annonce du Grand Prix d’Espagne à Madrid a reçu des retours très mitigés, les fans étant fatigués de voir un nouveau circuit urbain. Néanmoins, l’Espagne met bout à bout tous les éléments nécessaires pour devenir une place forte du sport automobile.
